Les engins de pêche usagés (EPU) et autres déchets

Réduire la pollution plastique est un enjeu majeur pour la préservation des océans.

© Erwan Amice

Comme toute activité économique, la pêche professionnelle génère d’importantes quantités de déchets plastiques.
Les polyamide, polyéthylène ou polypropylène sont des polymères (matières de base d'un plastique) utilisés dans la fabrication des filets, des cordages ou des casiers.

 

 

 

 

Quelle importance pour la pêche ?
Participer à la mise en place d'une filière de tri et de collecte des EPU permettra de mieux valoriser ces produits et de limiter le surcoût généré par la mise en place de l'éco-contribution, si le dispositif est suffisamment concerté et efficace.

VOIR LA VIDÉO « LA GESTION DES ENGINS DE PECHE USAGES »

VOIR LA VIDÉO « RECYCLER SES FILETS DE PECHE : LE DESASSEMBLAGE (1/2) »

VOIR LA VIDÉO « RECYCLER SES FILETS DE PECHE : UN EXEMPLE DE VALORISATION LOCALE AVEC FIL&FAB (2/2) »

VOIR LA VIDÉO « REDUIRE LA POLLUTION ISSUE DES DECHETS DE RAMENDAGE : LE SACABOUT DE MAELISSE »

 

© Sophie Lecerf – CRPMEM Bretagne

La collecte et le recyclage des engins de pêche usagés (EPU) : la loi oblige désormais les fabricants de matériel de pêche à prévoir la fin de vie de leurs produits (régime de « Responsabilité élargie du producteur » – REP). Sous l'impulsion de la Coopération Maritime et du projet PECHEPROPRE en partenariat avec le CNPMEM, une filière volontaire de gestion des EPU est en cours et devra être efficace et effective d'ici le 1er janvier 2025.
Les filets peuvent avoir une seconde vie ! Une fois démontés et désassemblés, ils sont broyés puis transformés en granulés. Cette matière première est utilisée par des plasturgistes pour fabriquer différents objets.

 

Photo ci-contre : les premières lunettes de soleil en filet de pêche recyclé made in France ! Projet Fil&Fab / Acuitis / Armor Lux.

 

• Pêche « fantôme » : les engins perdus peuvent continuer à être pêchant. Les espèces capturées meurent et attirent de nouveaux prédateurs : ce cycle peut durer de nombreuses années et avoir un impact important sur la ressource.
• Mortalité par ingestion, emmêlement : de nombreuses espèces de requins, mammifères marins, tortues et oiseaux meurent par emmêlement ou par étouffement après avoir ingéré des déchets plastiques.
• Pollution chimique : les plastiques mettent des centaines d'années à se décomposer. Leurs micro et nano-particules contaminent durablement la chaîne alimentaire (y compris humaine) et tuent les espèces.

• La réglementation impose de déposer à terre, dans les installations dédiées, « les déchets collectés dans des filets au cours d'opérations de pêche », ainsi que les déchets d'exploitation et domestiques du bord.*
• Les engins de pêche rentrent désormais dans le champ de la Responsabilité Élargie du Producteur (REP) : les importateurs ou fabricants de produits neufs, doivent organiser et financer la collecte et le traitement des déchets issus des produits qu'ils mettent sur le marché*.
(*) Ces deux directives européennes de 2019 sur les installations de réceptions portuaires et sur les plastiques à usage unique, ont été transposées en droit français, dans la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire du 10 février 2020.

• Ne rien jeter à la mer ! Ramener tous les déchets du bord et les déchets pêchés en mer à terre. Les trier et les déposer dans les installations dédiées.
• Désassembler ses filets usagés et les déposer au port dans les big-bags dédiés si le port en est équipé. Sinon, faites-en la demande à la capitainerie.
• Lors du ramendage des chaluts, éviter que les petits bouts de filets partent à l'eau ou restent sur le quai. Utiliser, par exemple, le Sacabout : une idée simple et efficace inventée par Maëlisse Audugé, étudiante au lycée maritime du Guilvinec.

Le saviez-vous ?
Les engins de demain seront…
• géolocalisables : le projet FIND (FIlets coNnectés pour une pêche Durable) teste un dispositif de balises qui permettra de localiser des filets perdus.
• plus écologiques : la recherche s’intéresse à la fabrication de filets biodégradables (projet INdiGO).

© DR

Parole de pêcheur
« Au sein d'Escoffier Pêche, nous essayons d'inculquer à tous les marins qui embarquent sur nos navires les comportements suivants : ne rien jeter à la mer, même pas les cigarettes ! Je ne dis pas que c'est du 100%, mais j'espère que nous nous en approchons le plus possible.
Dès que j'en ai l'occasion, je contrôle les choses suivantes :
– le tri des cartons, des plastiques et de la ferraille,
– quand nous pêchons des déchets, nous les gardons à bord pour les débarquer le soir,
– aucune vidange en mer !
– ne plus mettre d'eau de javel sur le pont ou autres en fin de semaine pour le nettoyage,
– aspirer les fonds de cales avec un aspirateur au lieu de les aspirer avec les pompes de cales, ce qui évite de les rejeter à la mer.
Voilà, nous pourrions en parler longtemps mais l'objectif, dans le monde de la pêche, est avant tout de responsabiliser chacun sur une chose primordiale qui est : ne plus rien jeter en mer. »

Loïc Escoffier
Patron du caseyeur Claud'Edith II, à Saint-Malo