Les bancs de maërl

Protéger le maërl, c'est aussi protéger les coquillages et poissons que l'on exploite.

© Erwan Amice

Le maërl ressemble à un corail mais c'est une algue ! De couleur rose-violet, cette petite algue calcaire n'est fixée sur aucun support. Elle s'accumule sur les petits fonds clairs pour former des bancs, parfois de plusieurs mètres d'épaisseur. Seule la couche de surface est vivante, car le maërl a besoin de lumière pour pousser. Sa croissance est très lente (0,5 à 1 mm par an) et l'âge de certains bancs est estimé à plus de 8 000 ans !
Les bancs de maërl abritent une biodiversité exceptionnelle et sont reconnus comme habitat d’intérêt communautaire à fort enjeu. La Bretagne a une responsabilité majeure dans leur préservation, car on y trouve les plus beaux et les plus grands bancs de France.

 

Quelle importance pour la pêche ?
Les bancs de maërl offrent une multitude de cachettes et d'anfractuosités dans lesquelles l'eau et l'oxygène circulent et où les espèces aiment se cacher, se protéger, se nourrir. Jusqu'à 900 espèces d'invertébrés et 150 espèces d'algues peuvent y vivre !
Une grande variété de coquillages exploitée par la pêche profite de ce milieu : la praire, la palourde rose, la coquille Saint-Jacques… Les poissons tels que le rouget, le lieu jaune, le bar et la dorade l'apprécient lors de leur phase juvénile.

VOIR L’EXPO MAËRL

 

© Erwan Amice

La coquille Saint-Jacques : son abondance et sa croissance peuvent être favorisées par la présence des bancs de maërl, qui jouent un rôle fonctionnel pour cette espèce. L’habitat de maërl peut donc soutenir localement les stocks.

 

• Le passage d'une drague déplace ou détruit la faune et la flore qui vivent en surface, casse les brins de maërl et les mélange à la vase ou au sable. Recouvert de sédiments, le maërl ne peut plus faire sa photosynthèse et meurt.
• Les ancrages et lests des arts dormants en trop grand nombre peuvent aussi dégrader l’habitat.
• Les apports terrestres en matières organiques (rejets urbains et agricoles) et l’envasement lié à la présence de crépidules, nuisent au maërl.

• L’extraction du maërl est interdite depuis 2011.
• Certaines zones de maërl sont interdites à la pêche à la drague (ex : à Belle-Île, Groix, aux Glénan, à Trévignon, en rade de Brest, en baie de Morlaix, à l'île Tomé).

S'informer sur les restrictions locales de pêche et être attentif aux évolutions réglementaires.

Être vigilant à la présence et la localisation des bancs de maërl, et privilégier la pêche dans les zones sableuses.
• Privilégier la mise en œuvre et l'ancrage des engins de pêche dormants, et en particulier les filets, dans les zones sableuses plutôt que dans les bancs de maërl.

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Parole de pêcheur
« Dans les zones protégées Natura 2000, il faut faire attention à l'environnement. À Belle-Île, on a établi une carte très précise du banc de maërl grâce au programme DECIDER. On sait où est le maërl vivant pour le protéger et ne pas aller dessus avec nos dragues. C'est important de respecter les zones de fermeture à la drague, il y a plein de juvéniles de poissons et de coquillages qui y grandissent, c'est bon pour la pêche ensuite (…). Le maërl, quand ça s'emmaille dans les filets, c'est compliqué. On évite toujours d'aller dans ces zones-là quand il y a un peu de houle. »
Thierry Jacob
Patron du Bugale ar Mor à Séné (canot polyvalent : casiers, filet, drague)