Récolte d’algues et algoculture en Bretagne

Le littoral breton abrite les plus beaux champs d’algues d’Europe. Algues vertes, brunes ou rouges, leur biodiversité en fait une ressource aussi précieuse que recherchée. Le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne (CRPMEM) préserve cette richesse en réglementant strictement la récolte et la culture des algues marines, garantissant ainsi une gestion durable de ces activités.

Algues marines en Bretagne : une ressource à préserver

En France comme partout dans le monde, la demande en algues marines ne cesse de croître tandis que la ressource, elle, demeure limitée.

Les algues, une ressource aux potentiels immenses

La consommation et la transformation de macro-algues ne cessent d’augmenter en France. Un exemple ? Entre 2016 et 2019, le nombre d’emplois dans les entreprises de transformations d’algues dans le pays de Brest a augmenté de 77 % ! Les algues constituent ainsi une solution d’avenir dans de nombreux domaines :

  • En alimentation, les algues ne sont plus de simples curiosités culinaires. Crues ou cuites, en hors-d’œuvre ou en accompagnement, elles sont désormais communes dans nos assiettes. Et elles ne se contentent pas d’apporter du goût : en plus de leurs oligoéléments, les algues sont riches en protéine.
  • En agroalimentaire, les alginates (issus des algues brunes), les carraghénanes et l’agar-agar (issus des algues rouges) sont utilisés de longue date comme épaississants et gélifiants. Ils sont plébiscités par les végétariens pour remplacer les gélatines d’origine animale.
  • Les paysans bretons utilisent le goémon comme engrais naturel depuis des siècles. Aujourd’hui, l’agriculture utilise des extraits d’algues comme biostimulants. Par de fines interactions, ces produits favorisent la croissance des plantes et améliorent leur résistance. En raison de leurs qualités nutritionnelles, les algues sont également utilisées en alimentation animale.
  • En cosmétique, les bienfaits des algues marines se déclinent dans une gamme complète de produits : crèmes, lotions, savons, etc. C’est aujourd’hui le secteur qui se développe le plus rapidement dans la filière algue.
  • La biodiversité des algues offre des perspectives inédites à l’industrie pharmaceutique. Les extraits d’algues sont déjà utilisés pour la microencapsulation de principes actifs. Et ce n’est que le début : la richesse des algues en fait un champ de recherche privilégié pour trouver les médicaments de demain.

Les macro-algues, une ressource naturelle fluctuante

Comme toutes les ressources naturelles, les algues ne sont pas inépuisables. Au-delà de la récolte, leur stock va être influencé par les divers aléas et contraintes qu’elles subissent (tempêtes hivernales, vagues de chaleur, réchauffement climatique). Il est donc primordial que cette ressource soit gérée dans un cadre durable.

Le CRPMEM de Bretagne, promoteur d’une gestion durable des algues marines

Le code rural confie aux comités régionaux des pêches la gestion de la récolte et de la culture des algues marines. Pour remplir cette mission, le CRPMEM Bretagne a notamment mis en place un système de licence obligatoire pour toute exploitation professionnelle des algues sauvages, même s’il ne s’agit que de quelques kilos par an. Il limite notamment le nombre de professionnels autorisés à exercer, afin que chacun puisse vivre de son activité. Ce système est complété par d’autres mesures réglementaires (périodes, zones et outils de récolte autorisés à pied ou en mer, tailles minimales de coupe en fonction des espèces d’algues).

La récolte d’algues de loisir en Bretagne est quant à elle réglementée par un arrêté préfectoral. Par ailleurs, le CRPMEM promeut auprès de tous les récoltants d’algues, professionnels comme amateurs, un ensemble de bonnes pratiques. Leur respect concourt à protéger encore davantage la ressource algale.

La production d’algues en Bretagne

De la récolte ancestrale du goémon à l’algoculture moderne, l’exploitation des macro-algues en Bretagne a énormément évolué. On distingue désormais trois types de production, principalement concentrées dans le Finistère et les Côtes-d’Armor : la récolte manuelle, la récolte par bateau et l’algoculture. Consultez notre page sur les principales algues récoltées en Bretagne pour découvrir chaque espèce en détail.

Récolte manuelle des algues de rive

La récolte des algues de rives se pratique exclusivement à la main. Si les récoltants peuvent utiliser un bateau ou un tracteur pour se déplacer, la récolte s’effectue à pied. Elle concerne de nombreuses espèces du littoral :

  • Algues vertes : laitue de mer (ulve).
  • Algues rouges : dulse (Palmaria palmata), nori (Porphyra spp).
  • Algues brunes : goémon noir (Ascophyllum nodosum), haricot de mer (Himanthalia elongata).

Les quantités d’algues récoltées à la main chaque année sont de l’ordre de 5 000 tonnes. Le travail manuel permet une récolte sélective et assure la qualité des algues. C’est pourquoi il constitue la source d’approvisionnement privilégiée pour l’alimentation humaine et les applications pharmaceutiques. Découvrez tous les chiffres de la récolte d’algue de rive en Bretagne.

Récolte par bateau des algues marines

La récolte des algues en bateau concerne deux espèces de laminaires :

  • Laminaria digitata, récoltée au scoubidou.
  • Laminaria hyperborea, récoltée au peigne à hyperborea.

Ces laminaires sont des grandes algues brunes. Les principaux champs se trouvent au large du Finistère Nord. Elles sont principalement utilisées en agroalimentaire et cosmétique pour produire des alginates (E400 à E405). La production française, entièrement bretonne, est de l’ordre de 60 000 tonnes d’algues par an.

Algoculture

Face à l’explosion de la demande d’algues mondiale, l’algoculture apparaît souvent comme la solution miracle, en particulier en Bretagne, où les conditions environnementales sont propices au développement de nombreuses espèces d’algues. La réalité est cependant plus contrastée. D’une part, la culture d’algues rouges (dulse, nori, etc.) n’est par exemple pas encore complètement maîtrisée. D’autre part, la réglementation actuelle n’autorise l’algoculture que de 22 espèces d’algues. Cette limitation a notamment pour but d’éviter l’introduction d’espèces exogènes.

La production d’algues vertes et brunes issue de l’algoculture est destinée à des marchés à forte valeur ajoutée (cosmétique, produit alimentaire « santé ») ainsi qu’à l’alimentation. En 2020, on comptait douze entreprises pratiquant l’algoculture en Bretagne. Il existe deux grands types d’algoculture :

  • En mer : l’algoculture se fait sur des concessions pouvant être en pleine mer ou sur l’estran (le littoral). Les algues sont cultivées sur des filières (cordes) ou directement sur des parcs à huîtres. Ces cultures restent cependant fragiles : le brassage important dû aux tempêtes peut occasionner d’importants dégâts. Algues cultivées : kombu royal (Saccharina latissima), wakamé (seuls quelques exploitants historiques disposent d’une dérogation pour la cultiver) et Alaria esculenta.
  • À terre, dans des bassins alimentés par des prises d’eau de mer. Ce type de culture demande d’importantes infrastructures : bassins proches du front de mer, système de captage d’eau suffisamment au large pour pomper de l’eau de qualité. Algues cultivées : laitue de mer (ulva sp), dont la culture est interdite en mer. De nombreux essais sont en cours pour développer la culture en bassin. Ils visent la production d’algue de très haute qualité pour répondre à des marchés très exigeants, comme la pharmacie ou la cosmétique.

Consultez notre page dédiée à l’algoculture pour en découvrir plus sur cette filière.